Noé, série en 4 tomes (+ tome zéro)
de Darren Aronofsky, Ari Handel et Niko Henrichon
"Cet homme s'appelle Noé. Loin de l'image de patriarche que l'on accole au personnage de la Bible, il ressemble plutôt à un guerrier. On dirait un Mad Max sorti du fond des âges. dans le monde de Noé, la pitié n'a pas sa place. Avec sa femme et ses trois enfants, il vit sur une terre aride et hostile, en proie à la grande sécheresse. Un univers marqué par la violence et la barbarie, livré à la sauvagerie des clans qui puisent leur raison de survivre dans la guerre et la cruauté.
Mais, Noé n'est pas comme les autres. C'est un combattant et c'est aussi un guérisseur. Il est sujet à des visions qui lui annoncent la fin prochaine de la terre, engloutie par les flots d'un déluge sans fin. Noé doit prévenir ses semblables. Si l'homme veut survivre, il lui faut mettre un terme aux souffrances infligées à la planète et "traiter le monde avec miséricorde". Cependant, personne ne l'écoute. Le tyran Akkad, auquel Noé est allé rendre visite dans la cité de Bal-llim, l'a chassé et condamné à la fuite. Après avoir consulté son grand-père Mathusalem, Noé décide alors de rallier à sa cause les terribles Géants et d'accomplir la tâche que le Créateur lui a confiée..."
Darren Aronofsky sort Noé au cinéma, mais nous fait patienter avec cette saga en BD (peut-être inspirée des story-board du film).
Après Pi, Requiem for a Dream (2000), The Fountain, The Wrestler, Black Swan et enfin Noé (Noah), Aronofsky m'épate par la diversité de son cinéma.
Qu'en est-il de cette saga en BD ?
Mon avis :
Je n'ai pas vu le film, ni lu le tome zéro, mais le tome 1 nous plonge d'emblée dans un univers post-apocalyptique... oui oui. Constatation amusante parce qu'en fait, l'histoire du déluge est plutôt
pré-apocalyptique. Qu'importe. Ici Noé est un croisement du survivant de Mad Max, d'un sage chamane, et d'un prophète torturé par le poids des responsabilités. Tout d'abord, c'est l'aspect visuel qui claque. C'est plutôt réussi : très bonne utilisation des couleurs à mon avis qui rend bien l'ambiance désertique. Clairement, il y a une recherche esthétique, et certaines planches augurent de la photo du film. Un côté épique également, heroïc fantasy avec des hordes barbares et des géants, un côté SF avec une cité étrange où figure la tour de Babel.
Bref, Aronofsky revisite le célèbre épisode biblique.
La comparaison avec le film 300 s'est rapidement invitée à ma table : recherche de la photo (visible sur la bd), un mythe revisité avec des éléments fantastiques, des libertés prises, de l'ambition, etc ... Mais là où 300 m'a franchement ennuyé, cette BD est plus qu'un simple exercice esthétique. L'histoire s'avère bien plus intéressante que 300. Le personnage de Noé notamment, torturé, lucide ou fou, misanthrope ultime, des liens familiaux dignes d'une tragédie antique, et d'autres éléments, donnent du relief à l'histoire.
Autre trouvaille, l'angle écologique : le premier tome aborde les ravages de l'homme sur la nature qui épuise l'écosystème, tue pour le plaisir d'autres hommes et les animaux. Le déluge n'aurait pour but que de balayer définitivement l'homme de la terre, afin de revenir au paradis terrestre avant l'apparition de l'homme.
Au final, une BD intéressante qui vaut le coup d'oeil. A mi-chemin entre mythologie, SF post-apocalyptique, fantasy barbare, folie et prophétie, ce patchwork improbable arrive toutefois à garder une cohésion, bien servie par l'aspect visuel. Outre 300, on pense aussi à la démesure du Dune de Jodorowsky ou du Baron de Munchausen par Terry Gilliam. Le Dune de Jodorowski ou le Don Quichotte de Gilliam (éloge également de la folie, et où l'on devait aussi retrouver une scène avec des géants), deux films qui n'ont jamais vu le jour...