Se peut-il que l'on n'ait pas encore consacré un sujet à "l'iguane" ?
Je serai franc, chez Iggy Pop, c'est le personnage qui m'attire plus que sa musique. Un sacré personnage...
Né en 1947 dans le Michigan, Iggy Pop, c'est d'abord un physique, une musculature particulière qu'il met volontiers en avant en chantant et posant régulièrement torse nu. C'est aussi une démarche étrange, chaloupée, provoquée par une anomalie physique, une jambe plus courte que l'autre.
C'est aussi une vie brûlée, consumée aux feux de tous les excès, un rock sauvage, primaire, animal, sans oublier le punk dont il est le
Godfather, le parrain.
Son charisme, son côté animal et auto-destructeur fascinait Bowie. Car il est impossible de parler d'Iggy sans parler de Bowie...
Ils se rencontrent en 1971, à l'initiative de Bowie qui lui fait parvenir un message lui exprimant son admiration et son envie de travailler avec lui. Tout les oppose au premier abord : Iggy est impulsif, presque sauvage sur scène, totalement immergé dans une certaine folie. Bowie calcule tout, soigne les moindres détails de ses tenues, de son maquillage, ne laisse aucune place à l'improvisation. Chacun d'eux trouve chez l'autre ce qu'il n'a pas et qu'il admire. C'est le début d'une solide amitié, flamboyante et bouillonnante.
Bowie est fasciné par la folie des concerts d'Iggy, leur atmosphère rageuse, violente. Iggy, torse nu, impudique et sauvage, qui se mutile sur scène, se retrouve ivre mort sur les trottoirs, se bagarre et invente au passage le
stage diving, traversant la foule, porté par ses fans :
Il faut vraiment voir un concert d'Iggy de cette époque pour réaliser combien ces années 70 furent une décennie de folie et de liberté totale.
De son côté, Iggy reste fasciné par les avatars et les métamorphoses de Bowie, cette capacité à se réinventer sans cesse, à mourir pour mieux renaître, renaître différent. "Bowie, c'est un magicien, c'est Houdini".
Les deux amis se retrouvent quelques années plus tard, exténués, détruits par les excès, cocaïne pour Bowie, héroïne pour Iggy. Ce dernier est d'ailleurs enfermé en hôpital psychiatrique depuis un an, abandonné de tous. Bowie vient le chercher et l'emmène avec lui à Berlin. Totalement inconnus là-bas, les deux amis occupent le même appartement, font du vélo, les courses, se promènent ensemble... "Nous étions inséparables mais nous n'avons jamais été amants contrairement à ce qu'on a raconté" dira plus tard Iggy.
Le caméléon et l'iguane se refont (plus ou moins) une santé. Iggy se libère de la drogue et arrête les excès, Bowie se calme considérablement sur la cocaïne, mais découvre les bars berlinois et tombe sous l'emprise de l'alcool. Musicalement, il reprend tout en main : ce sera sa fabuleuse
Trilogie berlinoise pour lui et deux albums majeurs composés pour son ami, lui remettant ainsi le pied à l'étrier.
Les années 80 marquent l'apogée d'Iggy Pop : calmé, plus ou moins apaisé, l'artiste compose alors des albums et des morceaux plus ambitieux, plus soignés, moins instinctifs. La critique et la nouvelle génération le suivent et voient désormais en lui un fondateur, un inspirateur.
Aujourd'hui, Iggy Pop reste un sacré personnage... Le look toujours atypique, capable d'apparaître dans une pub pour
Le bon coin où il se joue volontiers de lui-même, recevant les journalistes torse et pieds nus, vêtu d'un pantalon en cuir dans la suite somptueuse d'un palace parisien, faisant un album de reprises des grands classiques de la chanson française, prêtant son physique si particulier à des campagnes de pub de vêtements haut de gamme... Amoureux de la France et de son art de vivre, Iggy Pop parle d'ailleurs un français convenable.
Ses dernières nouvelles sont empreintes de tristesse, marquées par la mort de l'ami de toujours, David Bowie :"La lumière de ma vie vient de s'éteindre".