Le Colisée peut avoir pour certains un côté assez sinistre, car il s'agit d'un chef-d'oeuvre de technique et d'ingéniérie au service de mise à mort pour le plaisir des foules, que ce soient les condamnés de droit commun, les gladiateurs ou les animaux.
Au-delà de cet aspect, d'un point de vue technique, le Colisée est un superbe exemple du génie romain.
Il est le premier monument de cette échelle réalisé dans un agglomérat se rapprochant du béton, assemblé sans mortier.
Mais ce sont certains détails étonnants qui révèlent ses spécificités :
Les entrées étaient au nombre de 80 (dont 76 réservées aux spectateurs ordinaires) toutes numérotées de même que les escaliers internes. Là où les concepteurs ont fait très fort, c'est que chaque entrée, chaque escalier amenait à une partie des gradins bien précise. Ainsi, les spectateurs étaient "sélectionnés" dès l'entrée pour être dirigés vers certains gradins spécifiques. Il y avait des sections réservées aux sénateurs, aux chevaliers, aux étrangers, aux femmes, aux prêtres, aux scribes... Chaque gradin était à son tour divisé en places numérotées. A l'entrée, chaque spectateur remettait son "ticket" (un tesson de poterie numéroté) aux employés et se voyait ainsi assigné une place bien précise, dans telle ou telle partie de la structure, suivant ses origines ou son rang. Ainsi, le Colisée reproduisait en son sein la stricte hiérarchie de la société romaine.
Des loges spéciales étaient réservées aux sénateurs et aux vestales, à proximité de la loge impériale tandis que dans les gradins s'ouvraient à intervalles réguliers les
vomitoria, ouvertures donnant sur les escaliers intérieurs.
Tout un réseau de couloirs et d'escaliers internes qui parcouraient l'intérieur du bâtiment donc, un réseau remarquablement étudié puisqu'à la fin des festivités ou en cas d'urgence, les plus de 50 000 spectateurs pouvaient être évacués en un peu moins de 10 minutes environ...
Au sommet du bâtiment étaient plantés 240 mâts sur tout son pourtour qui servaient à tendre au-dessus de l'ensemble le
velarium, une bâche immense (trouée en son centre) destinée à recouvrir le Colisée pour protéger la foule du soleil ou de la pluie. C'est une division spéciale de la flotte impériale stationnée à Misène qui se chargeait de l'opération au moyen d'un ensemble complexe de cordes. Raffinement suprême : cette bâche était en pente en son milieu pour capter le vent et le rediriger vers les spectateurs, histoire de rafraîchir 50 000 personnes survoltées...
Les sous-sols, sous l'arène, formaient un ensemble complexe de deux niveaux où l'on trouvait les cages des animaux, des salles où les gladiateurs se préparaient, se faisaient soigner, se reposaient, des vestiaires, des salles où l'on entreposait le matériel... Pas moins de 80 "puits" permettaient de rejoindre l'arène en surface, certains dotés de plate-formes élévatrices pour faire monter les animaux imposants comme les éléphants ou des gladiateurs par groupes entiers.
Enfin, même si cela était assez rare, un ingénieux système hydraulique connecté aux aqueducs de la ville permettait d'inonder l'arène pour la transformer en lac intérieur lors des
naumachies où les gladiateurs s'affrontaient sur de véritables bateaux, reproduisant les grandes batailles navales de l'Empire. Ce qui veut dire que les ingénieurs romains avaient réussi à rendre l'ensemble parfaitement étanche pour ne pas inonder les sous-sols.
On pouvait également implanter tout un décor d'arbres, arbustes, buissons et rochers dans l'arène et des acteurs y reproduisaient alors les scènes célèbres de la mythologie. Ou bien, ces décors étaient le théâtre de chasses, des animaux sauvages étaient lâchés dans de véritables forêts artificielles, traqués par des chasseurs à pied, à cheval, armés d'arcs et de flèches ou d'épieux. On y montrait également à la foule les animaux les plus rares et exotiques, preuve que Rome et son empire étendait son autorité jusqu'aux confins du monde...
Qui dit mieux ?