La Blanche Biche

La Blanche Biche



La Blanche Biche est une créature féérique qui apparait souvent aux chasseurs dans la profondeur des bois. Il s'agit parfois d'une fée métamorphosée en fée pour faire expier une faute (elle est ainsi mortelle et dénuée de ses pouvoirs), parfois d'une jeune fille victime d'une malédiction (femme le jour et biche la nuit, ou vice-versa, souvent dans le but de la séparer de son amant) ou volontaire (pour échapper à un funeste destin, comme par exemple un mariage arrangé).

Quoi qu'il en soit, la Blanche Biche est toujours caractérisée par sa douceur et sa grande beauté : elle fascine immédiatement le mortel qui l'aperçoit ... pas toujours de la meilleure façon ! Car bien des chasseurs cruels, voyant ce bel animal si particulier, ont voulu l'ajouter à leur tableau de chasse ... Pauvre Blanche Biche !

Heureusement pour elle, il arrive aussi que ses beaux yeux émeuvent le coeur du jeune homme qu'elle croise. Dans ce cas, le preux chevalier, rendu fou d'amour par le charme de la belle fera tout son possible pour briser la malédiction. Parfois, un simple fier-baiser (comme avec certaines grenouilles par exemple) suffit à lui rendre son apparence humaine, mais parfois il faudra passer par d'autres épreuves, comme par exemple la nécessité d'occire le mage ou la sorcière responsable de son état.

Une chanson populaire du XVIème siècle relate la tragique histoire d'une blanche-biche, nommée Marguerite, condamnée à être femme le jour et biche la nuit, qui fut tuée par ignorance par son propre frère, lors d'une partie de chasse :

Celles qui vont au bois
C'est la mère et la fille;
La mère va chantant
Et la fille soupire.

"Qu'avez vous à soupirer,
Ma fille Marguerite?"
"J'ai grande colère en moi
Mais n'ose vous le dire."

"Je suis fille le jour
Mais la nuit blanche biche;
La chasse est après moi,
Les barons et les princes.

Et mon frère Renaud
Qui est de tous le pire;
Chassant même la nuit
Quand la lune s'y mire.

Allez, ma mère, allez
Bien promptement lui dire
Qu'il arrête ses chiens
Jusqu'à demain midi."

"Ou sont tes chiens, Renaud
Et ta chasse gentille?"
"Ils sont dedans le bois
A courre blanche biche."

"Arrête les, Renaud,
Arrête, je t'en prie!"
Trois fois les a cornés
De son cornet de cuivre;

A la troisième fois
La blanche biche est prise.
Mandons le dépouilleur
Qu'il dépouille la biche!

Celui qui la dépouille
Dit " je ne sais que dire!
Elle a les cheveux blonds
Et le teint d'une fille ! "

A tiré son couteau,
En quartiers il l'a mise.
En ont fait un dîner
Aux barons et aux princes.

" Nous voici tous ici
Faut ma sœur Marguerite.
Vous n'avez qu'à manger,
Suis la première assise;

Ma tête est dans le plat
Et mon cœur aux chevilles.
Mon sang est répandu
Par toute la cuisine.

Et sur ces noirs charbons
Mes pauvres os s'y grillent.
Et sur ces noirs charbons
Mes pauvres os s'y grillent.

Il est à noter que les biches blanches (variété albinos des biches sauvages) existent réellement. Mais, du fait de leur extrême rareté et de leur couleur spectrale (le blanc ayant toujours été associé à l'Autre Monde, donc fait partie Faërie), elles étaient considérées non comme des animaux, mais comme des esprits ou des fées. Quoi qu'il en soit, elles conservent toujours la douceur et la bienveillance de leurs cousines fauves, puisque les Blanches-Biches, réelles ou féériques, sont toujours inoffensives. Certains les considèrent même comme d'heureux présages pour celui qui les aperçoit.

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Sources :
La Petite Encyclopédie du Merveilleux, Le Bestiaire Féérique, Edouard Brasey, édition du Pré aux Clercs
Encyclopédie du Fantastique et de l'Etrange, tome 1 : Fées et Dragons, Béatrice Bottet, éditions France Loisirs