LE CHIEN

On reste avec le meilleur ami de l'homme avec cette info qui nous vient d'Italie : une employée a obtenu deux jours de "congés toutou", rémunérés, pour veiller sur son chien, convalescent suite à une opération importante.
Dans un premier temps, l'employée avait demandé un congé pour des "raisons personnelles importantes". Son employeur lui a demandé alors de préciser son motif et, aidée par une association de protection des animaux, l'employée a expliqué qu'elle n'avait personne pour veiller sur son animal à la sortie de la clinique vétérinaire. Les juristes se sont alors penchés sur le Code Civil italien qui considère comme crime et puni par la loi "l'absence de soins prodigués à un animal". L'employeur a alors accepté après avoir demandé un certificat vétérinaire.
Les associations de défense des animaux ont salué une décision "décisive" dans la reconnaissance de l'animal comme "être sensible à part entière". Une décision qui va sans doute faire jurisprudence.
Rappelons qu'en France, le Code Civil (qui date de 1804, la France avance...) considère toujours l'animal comme un "bien meuble".

L'animal est considéré comme un bien meuble par le code civil, certes, mais comme un bien meuble soumis au régime des choses corporelles (ce qui fait quand même une différence).
Et pour rappel, le code pénal réprime les actes de cruauté envers les animaux domestiques apprivoisés ou tenus en captivité (article 521-1 du code pénal). A noter que, en revanche, il n'y a rien à ce niveau concernant les animaux sauvages. Il encadre également les expérimentations sur les animaux et réprime en cas de non-respect des prescriptions (article L. 521-2 du code pénal).

Je préfère préciser parce que, présenté comme ci-dessus, on pourrait avoir l'impression  le droit français n'accorde pas plus de considération à un animal qu'à une chaise (par exemple) ; ce qui est faux.

Et puis, la distinction entre les biens et les personnes est la division première en droit. Ca risque d'être compliqué de changer les choses à ce niveau-là. Ca impliquerait de redéfinir beaucoup de choses en droit.

Après, je suis entièrement d'accord pour dire qu'il y a encore un long chemin à faire dans la reconnaissance animal. Déjà, rien que de penser à la condition des animaux dans les abattoirs, aux expérimentations sur les animaux, ou aux abandons de chiens et de chats quand arrivent les vacances d'été, ça me fait mal au coeur.

Merci pour ces précisions.
Pour rester dans le côté juridique, il semblerait que si l'on recueille même provisoirement un animal abandonné, on est responsable des dégâts qu'il cause même si l'on n'est pas son propriétaire. En vacances en montagne, il nous est arrivé plusieurs fois d'accueillir pour quelques heures un animal qui s'était perdu, souvent un chien de chasse. Et bien, le temps d'apporter l'animal à la spa locale, nous en serions apparemment responsables. Cela ne pousse pas forcément à jouer les bons samaritains, c'est dommage si c'est info est exacte.

Disons que le Code civil dit dans son article 1242 :

Citation :

On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.

C'est très général. L'article précise ensuite quelques points — les parents sont responsables civilement des agissements de leur progéniture, les patrons sont responsables civilement des dégâts causés par leurs employés dans le cadre de leur travail. Le terme « civilement » est important : c'est le « qui casse paie », la responsabilité pénale n'est pas engagée.

Et donc, quand tu as la garde d'un chien, tu dois payer pour les dommages qu'il cause le cas échéant.

Après : quand tu recueilles un chien perdu, en as-tu vraiment la garde ou bien est-ce le maître qui reste responsable ? Il faudrait aller voir du côté de la jurisprudence. C'est sans doute un cas d'école mais comme je ne suis pas allé à l'école du droit…

C'est une question intéressante, @VIC et @cdang.
Et tu as très bien résumé, cdang. Et en effet, c'est l'article général pour la responsabilité du fait des choses et de la responsabilité du fait d'autrui, qui se déclinent en plusieurs cas spécifiques, comme tu l'as précisé.

En effet, on est responsable des dommages que cause un chien dont on a la garde, même temporairement.
Sauf que, si je ne me trompe pas (mon cours de droit des obligations remonte à 3 ans maintenant), le transfert de garde reste à l'appréciation des juges et c'est en fonction de la durée :
- par exemple, tu le confies simplement quelques heures à ton voisin, ce sera quand même toi, le propriétaire, qui sera considéré comme le gardien et donc comme responsable
- mais si, par exemple, tu le confies à ce voisin plusieurs jours consécutifs ; là, le voisin sera considéré comme le gardien et qui donc sera responsable
Par contre, lorsqu'on confie le chien à un professionnel (à un vétérinaire par exemple), le transfert de garde est effectif et ce sera ce professionnel qui sera automatiquement responsable (là, pas de pouvor d'appréciation des juges en fonction de la durée).

Quant au chien abandonné / errant que tu recueilles pour l'amener à la SPA... J'avoue que je ne sais pas. Est-ce que tu serai quand même considéré comme le gardien ? Où est-ce que ce chien entre dans la catégorie des res nullius (=choses sans maître) qui est une exception à cet article ?
Je me renseignerais à ce sujet.

Merci Tinna !

Bien qu'âgé de 17 ans, sourd et presque aveugle, Max n'a pas quitté un instant sa petite maîtresse de trois ans, Aurora, qui s'était perdue aux alentours de la maison de ses grands-parents, en Australie. Pendant toute la nuit, pluvieuse de surcroît, le chien est resté auprès de la petite, la rassurant et tentant de la protéger de la pluie.
A l'aube, le chien a senti la présence des secouristes organisant une battue et s'est précipité à leur rencontre en aboyant avant de prendre la manche de la grand-mère de la petite pour la guider vers l'enfant. Cette dernière ne souffre que d'égratignures et en est quitte pour une grosse peur.

Max a reçu les félicitations de la police qui a posté sa photo et raconté l'histoire sur les réseaux sociaux où le brave toutou est devenu une star.

Brave chien !

Après Achiko (voir Les sculptures), un autre exemple d'incroyable fidélité d'un chien envers son maître avec Bobby. De race Skye Terrier, il avait pour maître le policier John Gray, mort de tuberculose en 1858. Ce dernier faisait des rondes la nuit et devait donc être accompagné d'un chien. Lorsque son maître a été enterré dans le Cimetière Greyfriars d'Edimbourg, Bobby n’a jamais voulu s’éloigner de sa tombe (c’est la raison pour laquelle le brave animal est parfois nommé "Greyfriars Bobby").
Les habitants, touchés, venaient régulièrement lui porter à manger, le caresser et jouer un moment avec lui. Bobby est resté ainsi, à côté de la tombe de son maître, pendant 14 ans, jusqu'à sa propre mort en 1872. Emus, les habitants le firent alors enterrer à côté de son maître et une statue fût édifiée en son honneur. Une petite cérémonie avec dépôt de fleurs et cornemuse a lieu, chaque année, le 14 janvier, jour anniversaire de la mort du toutou dont l'histoire est ici connue et admirée de tous.

J'ignorais son existence.
Je l'ai découvert par hasard au cours d'une promenade, en voyant une femme s'adresser à son chien en langage des signes. Au début, j'ai cru que c'était elle qui était sourde-muette. L'ayant revue à plusieurs reprises (elle est du voisinage), je me suis décidé à l'aborder et j'ai découvert avec surprise que c'est en fait son chien qui est sourd...

J'ai donc appris qu'il existe une langue des signes pour chiens, nommée K9sign, créée par une éducatrice américaine, Sean Senechal. Ce langage corporel comprend une centaine de signes.
Là où c'est très fort, c'est que le chien peut répondre : ainsi, la berger allemand de cette éducatrice a été capable de répondre à la question "où as-tu mal ?", posée en langage des signes, en pointant du museau ses mamelles où elle souffrait effectivement d'une blessure. Le chien était également capable par la suite d'indiquer à sa maîtresse qu'il avait faim, soif, ou peur de quelque chose par des signes précis.

En général, ce langage particulier est réservé aux chiens spécifiques, chiens de recherche, de secours, d'assistance et doit être appris très tôt. La dame avec qui j'ai discuté m'a dit qu'elle utilisait sa propre langue corporelle, avec des gestes basiques, qu'elle a elle-même enseigné à son animal. En tous cas, le brave toutou a l'air de très bien comprendre sa maîtresse. Le seul problème, c'est qu'il doit être impérativement en laisse dès qu'il est dehors car s'il s'éloigne et que sa maîtresse l'appelle, il n'entendra pas. Mais d'après elle, il le sait et quand il n'est pas en laisse, il fait en sorte de ne jamais perdre sa maîtresse de vue.

Excellente découverte que je trouve fascinante, ayant un grand intérêt pour les canins. Je vais partager cette information. Merci

D'après ce que j'en ai vu, ça va assez loin : un chien peut indiquer à son maître qu'il a faim, qu'il a soif, qu'il préfère avoir du poulet à manger, qu'il a mal à tel endroit ou encore être capable de savoir avec qui parle son maître au téléphone.
Pour les chiens d'assistance, l'animal est capable de faire comprendre qu'il y a le feu, que son maître est allongé par terre, sur son lit... Il s'exprime par un mélange de postures, d'aboiements et de sons particuliers. Il est donc capable non seulement de comprendre ce qu'on lui dit  mais surtout de répondre.

Vous en voulez encore ?

Aux USA, un chien spécialement dressé a sauvé son maître qui s'effondrait suite à un accident vasculaire. Le chien a sorti le téléphone portable de la poche de son maître avec les dents et a appuyé avec la patte sur la touche programmée pour composer le 911 (numéro des secours). Ses aboiements paniqués ont intrigué les opérateurs qui ont localisé l'appel et envoyé une équipe. Sur place, le brave toutou attendait devant la porte pour guider les secours jusqu'à son maître.

Toujours aux USA, une chienne a été dressée pour détecter le niveau de sucre dans le sang de son maître rien qu'en le reniflant. Si ce niveau est trop faible, elle alerte son maître par un gémissement spécifique et des coups de patte. Le jour où son jeune maître a fait une syncope, la chienne a pris son téléphone dans la gueule et a mordu sur la touche préprogrammée pour le numéro des secours. Ses aboiements inquiets ont décidé les secours à intervenir, sauvant la vie de son maître.

Son véritable nom est Xoloitzcuintle (ne me demandez pas comment ça se prononce...).
Très ancien, sans poils le plus souvent, il est aussi plutôt rare et originaire du Mexique. Son nom est un mélange entre le mot "chien" et le nom d'un dieu aztèque.

Quand on évoque les civilisations précolombiennes, on pense souvent aux lamas, aux oiseaux colorés, aux jaguars... Pourtant, notre toutou était très présent auprès des aztèques, principalement pour des raisons religieuses : il était celui qui accompagnait les défunts vers le royaume des morts. Raison pour laquelle il était parfois sacrifié suite à la mort d'un personnage important, afin de le guider vers l'autre monde.
On l'appréciait aussi comme chien de garde, comme animal de compagnie et, plus original, comme "bouillotte", en raison de sa température corporelle, plus élevée que la moyenne des autres chiens. Enfin, chez certaines peuplades, il pouvait se retrouver dans l'assiette, sa viande étant appréciée...

Bien qu'il existe une variété avec poils, la plupart du temps, le Xoloitzcuintle en est dépourvu.
C'est un chien long et mince, gracieux et bien proportionné. Il est assez calme, silencieux et peu expansif en-dehors de ses proches. Il est vigilant et attentif également, ce qui en fait un bon chien de garde.

Quelque part, il me fait penser au lévrier des Pharaons :


Quelque chose dans l'allure, la silhouette... D'autant plus que selon certains, le lévrier des Pharaons serait l'animal sous lequel est représenté Anubis, lui aussi accompagnant les défunts vers l'autre monde.

Ce robuste canidé, à la mâchoire puissante, nous emmène sous le soleil d'Afrique du Sud : il est né de plusieurs croisements entre dogues, réalisés par les colons hollandais installés dans les fermes sud-africaines. On l'utilisait à l'époque pour garder les troupeaux contre les animaux sauvages, les hyènes principalement. Il était réputé pouvoir tenir tête à un lion ou pouvoir le mettre en fuite (le plus souvent, à deux ou trois quand-même, c'est plus difficile si le chien est seul mais malgré tout, ce dernier n'hésitera pas). Par la suite, il devînt un excellent gardien, surtout qu'il apprécie la vie en famille auprès de ses maîtres et qu'il adore les enfants. Dans les fermes, on laissait jouer les enfants seuls dehors sous la protection du boerboel.

Impressionnant et solide, plus rapide que sa masse ne le laisse penser, ce chien est facile à éduquer à condition d'être affectueux et respectueux avec lui (il est assez sensible). Entre de mauvaises mains, il peut devenir dangereux et se transformer en chien d'attaque redoutable. En France, il faut une autorisation spéciale pour en posséder un.
D'Afrique du Sud, il a été progressivement adopté au Botswana, en Namibie, au Zimbabwe et en Tanzanie. On le trouve souvent à la campagne, dans les fermes et les propriétés isolées. En ville, il accompagne parfois certaines bandes dans les bas-quartiers et dans ce cas, il vaut mieux courir vite...

Je ne connaissais pas ce chien. Merci.

C'est un chien solide et puissant, très protecteur envers ses maîtres et plutôt calme. Il est en général posé, aboie peu mais quand il commence simplement à grogner, il vaut mieux s'éloigner... C'est un chien d'extérieur, habitué aux grands espaces africains, il lui faut se dépenser énormément et il faut jouer avec lui, le stimuler. Laissé seul et désœuvré, il peut prendre un caractère destructeur. Il est bien adapté aux vastes espaces de la brousse et il supporte bien la chaleur. Son nom est issu de deux mots afrikaans signifiant "ferme" et "chien". C'est vers 1600 qu'il fût introduit sur le continent africain.

J'en ai croisé quelques-uns dans certains coins du pays où se trouvent des fermes et des domaines. Beaucoup de propriétaires en ont un comme gardien. On avait passé une nuit chez l'habitant au cours d'une de nos virées dans le bush, ils en avaient un, assez impressionnant (les mâles font en général 60 kilos). Même moi qui adore les animaux, j'hésitais à le caresser... Chaque matin, il faisait sa grande promenade, marchant docilement au côté de sa maîtresse.

En ville par contre, dans certains Towships, c'est malheureusement autre chose. Là, ce sont des chiens dressés spécialement pour attaquer voire plus, prisés des gangs et de leurs chefs. Sans parler des combats clandestins.