NIGHTRHINO

Je n'ai pas pour habitude de m'épancher lorsque je n'aime pas le travail d'un illustrateur....c'est à dire qu'il y a tellement d'illustrateurs qui m'inspirent ici bas qu'il me paraît plus judicieux de me consacrer aux critiques positives. Une fois n'est pas coutume, sur ce coups, je me range plutôt du côté de Warlock...peut être pas pour les mêmes raisons, mais comme vous l'avez clairement dit tout au long du topic, c'est une histoire de sensibilité.... car le talent de la grande majorité des illustrateurs évoqués dans cet atelier des maîtres ne saurait sérieusement être remis en cause.

En fait, le concept même d'hommes-bêtes indianisés me laisse totalement indifférent. L'environnement et le character design ne me touchent pas.
L'illustration de la couverture de la BD est trop typé cartoon, peluche, pour moi. Bien que le reste soit d'avantage "réaliste", les couleurs me semblent fades, les dessins bien réalisés mais peu enclins au rêves, pas assez forts, pas assez marqués.

Tout ne me semble néanmoins pas négatif. Je n'ai pas creusé mais il me semble voir quelques clins d'oeil à Tolkien...les hommes buffles ont la prestance des uruks hai et les hommes hyènes me semblent indissociables des orques, voire des gobelins.

Comme quoi, nous avons tous des goûts et sensibilités différents, c'est ce qui fait la richesse de ce topic et même de ce forum
Je t'avouerai que je n'aime pas tout chez lui non plus. Je pense également que ma passion pour l'Afrique, pour sa faune, ses paysages et les animaux en général, influe grandement sur mon jugement.

J'adore la faune et les paysages africains, mais je ne m'y reconnais pas dans cet illustrateur, il me laisse vraiment de marbre.

Il faut dire que je suis loin d'être un fan de l'anthropomorphisme, et cette manie qu'a l'être humain d'humaniser les animaux.

De mon côté, j'aime bien les oeuvres qui rapellent qu'au plus profond de lui, l'homme reste un animal, conserve une part d'animalité en lui.
L'anthropomorphisme sous cet angle m'interesse beaucoup et, en Fantasy, les créatures mi-hommes, mi-animales, m'ont toujours plu.
Après, l'anthropomorphisme qui consiste à considérer son chien ou son chat comme un humain, non (sans nier aucunement la sensibilité, l'intelligence ou les sentiments de nos compagnons domestiques)
J'adore mon chat, mais il mange dans sa gamelle, dort dans son panier, n'a pas un collier avec des brillants ou des habits pour chat et ne va pas chez le psy...

Voyageur Solitaire a écrit:

De mon côté, j'aime bien les oeuvres qui rapellent qu'au plus profond de lui, l'homme reste un animal, conserve une part d'animalité en lui.

On peut voir les choses dans ce sens en effet, surtout si on a cette approche pour cet illustrateur. Car n'oublions pas que l'homme a tendance à oublier qu'il n'est qu'un primate évolué, donc un animal.

J'ai toujours été fasciné par ce rapport à l'animal qui est en nous. Où se situe la frontière, quand et comment un homme peut-il "régresser" jusqu'au stade animal ? D'ailleurs, dans le langage courant, beaucoup de comparaisons sont faites avec les animaux : fort comme un buffle ou un taureau, souple comme un félin, rusé comme un renard, têtu comme un âne, malin comme un singe... Je pense que ce n'est pas innocent.
Bon, fin du hors-sujet.
(Mais je pense qu'on a là un sujet de discussion interessant, à voir prochainement peut-être dans Les philosophes ou Cryptozoologie...)

C'est donc l'illustrateur John Connell qui se cache derrière ce pseudonyme de Nightrhino. Attiré dès l'enfance par le dessin, il fût encouragé dans cette voie par ses parents et il passa plusieurs années à l'Art Institute de Boston pour paufiner ses études dans ce domaine. Voici désormais 20 ans qu'il exerce en tant qu'illustrateur professionnel.
S'il fût d'abord réticent à l'utilisation de l'informatique dans son travail, il mêle désormais ordinateur et crayons, l'informatique restant un support ou une aide, comme pour beaucoup d'illustrateurs contemporains.

Son oeuvre maîtresse reste Carnal, une aventure graphique prenant place dans le monde de New Africa, monde primaire et sauvage où des animaux "humanisés" (hommes-lions, hommes-hyènes, hommes-buffles...) s'affrontent sans merci pour la conquête de nouveaux territoires. Les hommes-hyènes vivent dans un monde de tunnels et de tanières, les hommes-lions dans des campements de toile, d'autres dans des forteresses de pierre et d'adobe...  Plusieurs volumes aux titres évocateurs sont nés de cette imagination fertile : Ready your weapons, War is coming, Prey for survival...


Un projet né voici 10 ans d'un cauchemar où il avait rêvé d'un homme-rhinocéros combattant un homme-hyène. Au réveil, il a commencé à dessiner ce qu'il avait rêvé, première pierre de son oeuvre.
John Connell ne cache pas son amour des animaux et sa passion pour l'Afrique. Pointilleux et exigeant, il a réuni une documentation imposante sur les différentes tribus africaines, leurs costumes, peintures et armes afin d'illustrer au mieux Carnal.
Très actif sur le net, il maintient sur plusieurs sites un dialogue permanent avec ses fans, tenant compte de leurs remarques et suggestions pour la poursuite de son oeuvre.

Alors, elle vaut quoi, sa BD ?

Ben... Déçu. En fait, c'est pas vraiment une BD, c'est une "Nouvelle graphique". Un bouquin avec des illustrations ici et là, presque un Artbook d'une certaine manière. Pas de bulles et de dialogues mais une suite d'images avec le récit de l'histoire encadré.


J'aime pas du tout ce support, soit c'est une nouvelle, soit c'est de la BD. Et les illustrations intérieures me paraissent bien moins belles que ses toiles.
Déçu. Même si je reste fan de son univers.