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 RASPOUTINE

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MessageSujet: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 15:45

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Qui était vraiment Grigori Raspoutine ? Un "fou de Dieu", un mystique, un guérisseur ? L'âme damnée de l'impératrice, un imposteur, un occultiste ? Tant d'années après sa mort, le mystérieux Raspoutine intrigue toujours et traîne encore un parfum sulfureux...

Grigori Raspoutine naît en 1869, aux confins de la Sibérie et se définit lui-même comme un pèlerin, un mystique errant et un prophète. Il n'était officiellement pas rattaché à l'Eglise orthodoxe mais affirmait en être son serviteur. Il aurait selon certains appartenu un temps à la secte des Khlysts, des mystiques adeptes de la flagellation mêlée de rites sexuels, voyant dans la débauche une "étape purificatrice" vers la rédemption.
Enfant, il a des visions, des apparitions, des alternances d'insomnies et de cauchemars qui l'épuisent et le laissent exténué au matin.
Ce qui est certain, c'est que l'homme a un charisme, un magnétisme indéniable, une sorte de charme fatal, surtout avec les femmes. Il est très vite célèbre comme guérisseur, pratique l'hypnose, la magie et tout bascule quand, en 1905, il est appelé au chevet du jeune Tzarévitch, très malade. Petit retour en arrière...

Nicolas II, Tzar de toutes les Russies, forme un couple aimant avec sa femme Alexandra. Mais l'impératrice est impopulaire : étrangère (elle est allemande), convertie avec réticence aux rites orthodoxes, elle ne s'est jamais vraiment intégrée à son nouveau pays. Après avoir donné naissance à quatre filles, on lui reproche d'être incapable de donner un héritier à l'Empire. En 1904, un fils lui vient enfin mais on découvre très vite que l'enfant est hémophile, par un gène qui ne se transmet que par les femmes et qu'il tient de sa mère. L'impératrice passe alors pour maudite et culpabilise atrocement d'autant plus que l'enfant tombe rapidement malade. Désemparée, la tzarine s'entoure de moines, prêtres, mystiques et guérisseurs en tous genres dans l'espoir de sauver son fils.

Ayant entendu parler de Raspoutine, elle le convoque au chevet du jeune prince. Le "guérisseur" pose ses mains sur le corps de l'enfant, récite des prières, des incantations et le jeune garçon se sent bientôt mieux, se remet même rapidement. Raspoutine parle de dons et de magie, mais il a eu surtout la bonne idée de faire arrêter le traitement administré au prince, à base d'aspirine, médicament fatal pour un hémophile...
Reconnaissante, éperdue, l'impératrice voit alors en cet homme un messager de Dieu. Très vite, il devient un familier de la cour, rencontre nombres de femmes de haut rang dont beaucoup deviennent ses maîtresses, incapables de résister à ce charme "fatal", à ce regard magnétique. Il organise des soirées de spiritisme, de prières et d'exorcismes. La rumeur enfle, le peuple murmure, on colporte des rumeurs : Raspoutine est devenu l'âme damnée de l'impératrice, il organiserait des orgies au palais, des sabbats et cérémonies diaboliques...
Mais en 1907, il sauve à nouveau le jeune prince, atteint d'hémorragies internes. A partir de cet instant, son emprise est sans limites, il devient même le médecin de la famille impériale. En apparence, il reste pauvre et détaché, son seul luxe étant une chemise en soie faite par l'impératrice elle-même et une croix en or qu'elle lui a offert. Mais à côté, il se lance dans une vie de débauches, d'excès sexuels et de beuveries mêlés de rites étranges.

Il se heurte alors à Piotr Stolypine, nouveau président du Conseil Impérial, homme énergique, réformateur décidé, qui n'entend pas laisser un illuminé lui barrer la route. Il le fait surveiller par la police secrète, établit contre lui un rapport accablant sur ses débauches et obtient son éloignement. En retour, Raspoutine lui prédit sa mort dans l'année. Quelques mois plus tard, alors que Stolypine vient de promulguer des réformes très populaires qui suscitent l'enthousiasme, il est assassiné par un anarchiste à l'opéra, en présence de la famille impériale... Retour de Raspoutine donc.

1912. Le tzarévitch, alors en Pologne, est à deux doigts de la tombe, victime d'une nouvelle hémorragie interne. Averti par télégramme, Raspoutine entre en prières, en extase, avant d'envoyer un télégramme assurant que tout ira bien maintenant. Et effectivement, à des centaines de kilomètres de là, l'état du prince se stabilise, l'hémorragie se résorbe.
Le couple impérial ne peut plus rien refuser à Raspoutine qui intervient alors dans les nominations ministérielles et militaires et devient conseiller privé de l'impératrice. Dans le même temps, il replonge dans une série d'orgies et de débauches dans les cabarets tziganes de la capitale, on parle de nonnes violées dans les couvents, suscitant un scandale énorme.

1914, la guerre éclate. Le Tzar décide de gagner le front, laissant l'impératrice régner en son absence. C'est l'occasion qu'attendent ceux qui rêvent depuis longtemps d'en finir avec Raspoutine. Parmi eux, le prince Félix Ioussopov. Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, le prince invite Raspoutine à dîner dans son somptueux palais. Parmi les "invités", un député d'extrême-droite, un agent secret britannique (les anglais craignaient que Raspoutine, hostile à la guerre, persuade le Tzar de se retirer du conflit), un officier, un médecin, le Grand Duc Dimitri, cousin du Tzar et aussi peut-être amant du prince Ioussopov...
Ce dernier "endort" d'abord la méfiance de Raspoutine en lui rendant souvent visite, feignant intérêt et amitié. Au cours de ces entretiens, le prince participe même à une séance d'hypnose dont il laissera un compte-rendu saisissant, parlant du "pouvoir énorme" de Raspoutine, d'une "force invisible qui me tenait à sa merci". Effrayé à l'idée que le "moine fou" ne découvre ses intentions, le prince programme donc l'assassinat. D'autant plus que Raspoutine a des visions et proclame se voire "prochainement assassiné".
Le 19 au matin, le corps de Raspoutine est repêché dans la Neva, le visage "défoncé par les coups", tué vraisemblablement de trois balles à bout portant dont l'une en pleine tête. Détail glaçant : l'autopsie révèle la présence d'eau dans les poumons, ce qui signifie que Raspoutine vivait encore pourtant au moment où son corps a été jeté dans le fleuve...
L'impératrice le fait inhumer dans une chapelle dédiée mais les révolutionnaires exhumeront le corps pour l'incinérer et disperser ses cendres. Les principaux conjurés sont arrêtés, le prince Ioussopov alors qu'il était à la gare, sur le point de s'enfuir. L'impératrice demande sa tête mais le Tzar, conscient que les conjurés sont vus comme des héros par la population, ordonne finalement une assignation à résidence. Quant au Grand Duc Dimitri, il était si prestigieux et respecté qu'il ne sera pas inquiété. Les deux hommes survivront à la Révolution et finiront leurs jours en exil.

Ainsi finit Raspoutine. Qui était-il vraiment ? Un authentique mystique, un fou ? Un aventurier habile et opportuniste ? Même lavé du torrent d'ordures répandu sur lui par ses opposants, l'homme sent le souffre. Ses orgies, ses beuveries et ses excès sexuels voisinent avec les prophéties, les guérisons "miraculeuses", les prédictions. La guérison du tzarévitch à distance, en 1912, reste encore inexpliquée. Sans oublier ses prophéties comme lorsqu'il prédit à Stolypine sa mort prochaine ou celle, terrible, faite à l'impératrice :"Je mourrai dans des souffrances atroces. Après ma mort, mon corps n'aura point de repos. Puis tu perdras ta couronne. Toi et ton fils vous serez massacrés ainsi que toute ta famille. Après, le déluge terrible passera sur la Russie. Et elle tombera entre les mains du Diable".

Raspoutine n'a pas fini d'intriguer et de déchaîner les passions...
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cdang

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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 16:50

C'est malin, maintenant j'ai du ABBA dans la tête Laughing
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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 16:57

Boney M, pas ABBA sauf erreur...
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Gorak

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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 17:50

C'est Boney M... Smile

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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 22:34

Sans déconner, le mec c'était un cyborg en fait... What a Face

Il absorbe une quantité énorme de cyanure présent dans le vin et les pâtisseries de Youssoupov, tranquille...ensuite on lui colle deux balle...cette fois il est mort chuette...mais, c'est quoi ce bruit en bas...??...horreur, le mort est encore vivant et il marche...on descend, bang bang bang et des coups de masse en prime...finalement on le charge et on le balance à la flotte...le cadavre a encore des sursaut avant de sombrer...et on découvre qu'il avait de l'eau dans les poumons et que c'est une noyade qui l'a tué...

scratch J'ai du mal à y croire en fait...
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Gorak

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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeLun 8 Jan - 23:17

Pour moi, c'était juste un beau charlatan. Et il a abusé d'une famille en détresse pour se faire de l'argent. A prix d'or il s'est fait payer par l'impératrice Alexandra qui voulait - et c'est normal - soigner son fils, le prince Alexis, de son hémophilie.

Il s'est enrichi sur le trésor russe. Quelque part, il a contribué à la chute des tsars et au développement de la révolution.

Aujourd'hui, pour reprendre un terme du web, on dirait que c'est un troll. Wink
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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeMar 9 Jan - 9:51

Gorak a écrit:
soigner son fils, le prince Alexis, de son hémophilie.

Après coup oui, on peut dire que c'était une beau charlatan qui a eu de la chance avec le fils de l’impératrice en supprimant l'aspirine en éloignant les médecins, aspirine qui est un anticoagulant...donc pour un hémophile c'est pas top...en mettant ça sur le compte de ses soit disant pouvoirs...

Pas certain en effet, qu'il aurait eu la même vie et le même privilège si il n'avait pas réussi à soigner le prince Alexis...
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cdang

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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeMar 9 Jan - 10:07

Un boulet je suis.
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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeMar 9 Jan - 15:31

De nombreuses rumeurs entourent l'assassinat de Raspoutine. Effectivement, la légende veut qu'il ait survécu au cyanure mélangé à ses aliments, ce qui est normalement impossible : le cyanure est un poison foudroyant qui ne pardonne pas. Deux possibilités sont envisagées par les spécialistes :
- Raspoutine se serait protégé du poison par le phénomène de mithridatisation. Il aurait ingéré régulièrement du poison, à doses infimes d'abord puis croissantes, pendant des années, afin d'habituer son organisme et de s'immuniser.
- Le cyanure aurait réagi à la cuisson avec le sucre du gâteau où il avait été répandu.

De nombreux historiens pensent qu'il fût bel et bien tué de trois balles, provenant de trois armes différentes. Reste la présence d'eau dans les poumons, indiquant qu'il était encore en vie, du moins qu'il respirait encore au moment où il fût jeté dans le fleuve...

L'organisateur de son assassinat, le prince Ioussopov, était un sacré personnage aussi, qui mérite un portrait...

Félix Ioussopov est le fils cadet de la famille. Son aîné sera tué en duel par un mari cocu et jaloux... Sa mère, la princesse Zénaida est d'une grande beauté avec un teint mat, des yeux sombres et de superbes cheveux noirs. Elle adore son fils qu'elle gâte et surprotège. Il hérite d'elle un goût prononcé pour l'art, la beauté, les belles choses. Sa mère est également fabuleusement riche : un patrimoine de 600 millions de dollars de l'époque, des œuvres d'art, d'immenses propriétés dont une de 250 kilomètres d'étendue, 16 châteaux et palais à travers l'Europe...

Les parents du prince, au fameux bal costumé de 1903

RASPOUTINE C6a54210

Mais le prince a surtout hérité de sa mère sa beauté. L'écrivain Joseph Kessel, qui le rencontrera en exil, le décrit comme un archange, un ange peint par Léonard de Vinci.

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Une beauté troublante, très androgyne, qui permet au jeune prince de se livrer à son penchant pour le travestissement : à la nuit tombée, le jeune homme, vêtu des robes et bijoux de sa mère, fréquente les cabarets et les restaurants à la mode où il se fait même courtiser par des officiers de la garde impériale, qui croient avoir affaire à une femme. Mais un soir, le collier de perles qu'il porte se détache, les perles roulent au sol. Aussitôt, le personnel s'active à récupérer les perles de "la belle inconnue". Mais le patron, qui a reconnu le prince, garde celles qu'il a ramassé et, le lendemain, vient les restituer à la princesse en lui expliquant tout. On imagine la colère du père en apprenant que son fils erre la nuit dans les endroits à la mode, travesti en femme...
Les historiens ne savent toujours pas si ce goût pour le travestissement le poussa à des amours entre hommes. Beaucoup le considèrent bisexuel.

C'est pourtant ce jeune homme esthète et raffiné qui est décidé à en finir avec Raspoutine et organise son assassinat dans son palais. Outre les motifs politiques, Ioussopov avait un grief personnel contre Raspoutine : sa mère avait écrit une lettre à l'impératrice, lui demandant de renvoyer le moine. En retour, l'impératrice interdit à la princesse de reparaître à la cour. Le jeune prince prît cette décision comme une insulte envers sa mère, qu'il adorait. Il était aussi amateur d'opium et surtout féru d'occultisme, d'où ses entrevues avec le "moine fou" qui n'étaient pas seulement une manœuvre pour l'amadouer et l'attirer dans un piège. Au cours d'un de leurs entretiens, le prince accepte même une séance d'hypnose qui lui laisse un souvenir éprouvant.

Assigné à résidence après l'assassinat, Félix Ioussopov échappera aux fureurs de la Révolution en prenant le chemin de l'exil. Entretemps, il s'était marié avec la nièce du Tzar, femme très belle dont il aura une fille et avec qui il formera, contre toute attente, un couple uni et complice. Avant de fuir la Russie, il emportera avec lui plusieurs toiles de maître (dont deux Rembrandt) et une partie des bijoux et pierreries de sa famille dont la vente lui permettra de vivre un exil confortable, en Angleterre puis en France où il retrouve ses parents, eux aussi exilés. Farouche antinazi, le prince soutiendra financièrement de nombreux mouvements résistants pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Il meurt à Paris, où il repose, en 1967.
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MessageSujet: Re: RASPOUTINE   RASPOUTINE Icon_minitimeMar 23 Jan - 15:50

L'assassinat

RASPOUTINE Dead_r10

Raspoutine a déjà échappé de peu à la mort : le 29 juin 1916, il est poignardé par une mendiante au sortir de l'église, dans son village natal et s'en sort de justesse. Khionia Gousseva, la fausse mendiante, est une ancienne prostituée, exaltée, psychologiquement fragile, certainement manipulée. Par qui ? Le mystère demeure. Elle est rapidement déclarée folle puis internée avant d'être libérée en 1917 par les Bolcheviks pour son geste "héroïque".

Décembre 1916. Le Tzar est au front, l'impératrice régente. Or, Raspoutine est au sommet de l'influence qu'il exerce sur la Tzarine. Il faut donc en finir d'autant plus qu'il ne cache pas vouloir faire retirer la Russie du conflit, ce qui inquiète les alliés de cette dernière, principalement la Grande-Bretagne.
Le prince Youssopov, cet esthète à la beauté androgyne, richissime héritier et époux de la nièce du Tzar va être l'organisateur de l'assassinat. Il réunit autour de lui le grand-duc Dimitri Pavlovitch, le député Vladimir Pourichkevitch, le lieutenant Sergueï Soukhotine, l'anglais Oswald Rayner (agent secret britannique) et le docteur Stanislas Lazovert.

Tout d'abord, mettre Raspoutine en confiance. Le prince, féru d'occultisme, commence donc à rendre visite, régulièrement, au "moine fou". Il participe même à une séance d'hypnose qui lui laisse un souvenir saisissant et désagréable. Mais le but est bientôt atteint, les deux hommes se lient et prennent l'habitude de se voir. Raspoutine ne sera donc pas surpris de se voir invité par le prince.
La date et le lieu sont rapidement choisis. Pour attirer Raspoutine, grand amateur de femmes, le prince lui affirme que son épouse, la très belle princesse Irina Alexandrovna, se joindra à eux au cours de la soirée. Au palais Youssopov, le piège est installé : le moine sera reçu dans une aile éloignée, en sous-sol, de la musique sera jouée très fort à l'étage pour couvrir d'éventuels cris, bruits de lutte ou coups de feu. Du vin et des pâtisseries sont préparées. Le docteur Lazovert injecte du cyanure dans les gâteaux et le vin. Le prince note soigneusement les gâteaux non empoisonnés et le verre qui lui sont réservés.

Minuit trente. Le prince, le visage masqué par sa toque de fourrure, monte dans une voiture conduite par le docteur Lazovert et va chercher Raspoutine chez lui. Il le trouve nerveux, fébrile et agité. Depuis plusieurs mois, le moine clame qu'il va être prochainement assassiné et noie sa peur dans l'alcool. Ses fidèles lui ont même conseillé de ne pas sortir. Le prince s'emploie à le rassurer tout en l'aidant à enfiler son manteau. Les voici au palais Youssopov, on entre par une porte latérale, on rejoint la pièce prévue. A l'étage, de la musique, des voix (celle des conjurés) : le prince explique à Raspoutine que sa femme est avec leurs invités et qu'elle les rejoindra plus tard. Que son invité se restaure donc en attendant...

La version du prince

A partir de ce moment, il est difficile d'y voir clair.
Selon le témoignage du prince, Raspoutine mange et boit les gâteaux et le vin empoisonnés (après les avoir d'abord refusés) mais ne ressent aucun trouble et continue à bavarder avec son hôte. Le temps passe et vers 02h30 du matin, le prince, affolé, rejoint les conjurés pour leur expliquer la situation. On décide alors d'en finir, le prince prend l'arme du grand-duc Dimitri, rejoint Raspoutine qui lui tourne le dos et tire. Le moine fou tombe à terre, s'agite puis s'immobilise. Les conjurés l'examinent et concluent à sa mort, le docteur Lazovert déclarant que la balle a traversé le cœur.
Les conjurés remontent à l'étage, se concertent un moment puis le prince redescend. Et se fige d'horreur : Raspoutine, toujours étendu, ouvre un œil, puis deux et le fixe d'une manière terrible. Il se relève alors maladroitement et se rue sur lui, tentant de l'étrangler. Le prince parvient à se libérer et alerte ses complices. Ces derniers se précipitent et trouvent Raspoutine rampant sur le sol et tentant d'ouvrir la porte qui donne sur la cour intérieure du palais. Ils tirent, à plusieurs reprises et leur victime s'écroule. Alors que le prince est au bord de la nausée, l'un des conjurés s'approche du corps et lui tire une balle en pleine tête.
Le cadavre est enveloppé dans son manteau, ligoté, enfermé dans une toile et jeté à l'eau.

La vérité

Elle est difficile à établir, en partie parce que le rapport d'autopsie ne fût jamais publié et a mystérieusement disparu par la suite...
Tentons quand-même une approche.

Le poison tout d'abord.
La première hypothèse est que Raspoutine ait refusé de boire et manger. Possible pour les gâteaux (sa fille rapportera que son père ne mangeait jamais de sucreries qu'il estimait néfastes pour la santé) mais peu probable pour le vin, Raspoutine buvant énormément.
Autre hypothèse, Raspoutine se serait immunisé contre le poison par Mithridatisation, technique consistant à ingérer, régulièrement, de petites doses de poison que l'on augmente progressivement pour habituer l'organisme et au final l'immuniser. Peu probable car il faut faire cela pour un poison bien précis et Raspoutine n'était pas censé savoir que c'était du cyanure qui serait utilisé ce soir là.
Deux autres hypothèses sont bien plus crédibles : le poison aurait réagi avec la cuisson du sucre des gâteaux, devenant inoffensif. Ou le docteur Lazovert aurait paniqué. Terrifié à l'idée des conséquences de son geste, il aurait en fait injecté une substance inoffensive dans la nourriture. Ce qui serait confirmé par le rapport d'autopsie, témoignant de l'absence de poison dans l'organisme.

Les balles.
Les rares témoignages de ceux qui ont consulté le rapport d'autopsie avant sa disparition se rejoignent sur trois "orifices d'entrée" ce qui contredit le récit des conjurés parlant de quatre tirs. Il semble quasiment certain que les deux premières balles ont touché Raspoutine de dos, alors qu'il était debout (mais, contrairement aux dires du prince, le cœur n'aurait pas été touché. La première traversa le foie et l'estomac, la seconde un rein). La troisième, mortelle, a été tirée de face, en pleine tête et a traversé le cerveau. Les photographies de police de l'époque montrent également un visage "défoncé par les coups", ce qui indique que l'on s'est acharné sur le corps. La mention d'eau dans les poumons, qui indiquerait que Raspoutine respirait encore au moment où il fût jeté à l'eau, reste sujette à caution.

On peut donc raisonnablement imaginer que Raspoutine n'a pas été empoisonné, n'a pas "survécu" à un hypothétique cyanure et qu'il a été tué par les coups de feu. Solide et robuste, il a sans doute mis longtemps à mourir et la version selon laquelle il rampait au sol, ensanglanté et tentant de s'enfuir avant d'être abattu d'une balle en pleine tête, est fortement plausible. Son visage tuméfié laisse également à penser qu'il a été tabassé. Si le docteur Lazovert a effectivement injecté une drogue inoffensive dans la nourriture sans rien dire, on peut comprendre la stupéfaction du prince, voyant sa victime manger des gâteaux qu'il pensait empoisonnés sans en ressentir le moindre trouble.

Les suites de l'assassinat

Le docteur Stanislas Lazovert et le jeune officier, Sergueï Mikhaïlovitch Soukhotine, ont déjà fui Saint-Pétersbourg. Le prince Youssopov est arrêté à la gare, alors qu'il est sur le point de prendre le train pour la Crimée. Bien que l'impératrice réclame sa tête ainsi que celle du grand-duc Dimitri, le Tzar refuse en raison du rang trop élevé des deux conjurés, membres de la famille impériale, de naissance ou par alliance. D'autant plus que le geste des deux hommes soulève l'enthousiasme populaire. Le prince est assigné à résidence et le grand-duc envoyé sur le front. Lors de la Révolution, les deux hommes gagneront l'exil, confortable pour le premier, plus difficile pour le second.
En raison de sa fonction de député de la Douma, mais surtout grâce à sa place de chef du parti de la droite monarchiste, Pourichkevitch jouissait d'un tel prestige que le Tzar n'osa pas le sanctionner.
Quant à l'agent britannique, Oswald Rayner, il fût exfiltré et quitta rapidement la Russie. C'est certainement lui qui tira le coup fatal sur Raspoutine : d'après les photos du corps, l'impact de la balle tirée dans la tête n'est pas celui produit par l'arme du prince mais correspond à un autre type de révolver, en usage chez les anglais à l'époque et dont Rayner possédait un exemplaire.
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